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Une r&d à 360°

INNOVER À L'ÉCHELLE RÉGIONALE

Frédéric Imbert

Directeur Scientifique et R&D Alliance BFC

« Le schéma de structuration de la R&D pour l’Alliance BFC a été mûrement réfléchi depuis plusieurs années, son process a été validé par les élus et les administrateurs des coopératives. Notre stratégie R&D vise une ouverture à 360 degrés du champ de l’innovation, dans le cadre d’un schéma partenarial plus important notamment avec l’Inrae, le pôle Agronov ou encore les Chambres d’Agriculture de la région.

L’innovation doit émerger à travers les nouvelles technologies, la connexion au machinisme, l’utilisation des DATA mais aussi la montée en puissance de l’agroénergie. Notre stratégie intègre bien sûr le paramètre du changement climatique, avec le développement autour des nouvelles cultures ou la problématique de la gestion de l’eau afin de proposer des grandes orientations pertinentes à nos agriculteurs adhérents.
En résumé, nous travaillons pour répondre aux enjeux stratégiques des coopératives, dans l’objectif d’accompagner la production agricole de la région pour les 20 prochaines années. »

Un service R&D COMMUN ET NOVATEUR

Installé à Aiserey (Côte-d’Or), le service R&D de l’Alliance BFC fédère depuis janvier 2022 une équipe de 25 collaborateurs (ingénieurs et techniciens) des 3 coopératives de notre union. Il met l’accent sur la formation et la transmission à travers un collège de 13 alternants.

Une feuille de route ambitieuse, répondant aux enjeux de l’agriculture régionale avec en point clé son adaptation au changement climatique, a été définie par les administrateurs de l’Alliance BFC pour son service R&D

  • Conforter le socle agricole autour des leviers agronomiques et du fonctionnement sol-plantes ;
  • Valoriser les filières, certifications et services rendus par l’agriculture (bas carbone, réduction des GES) ;
  • Accompagner la diversification à travers les nouvelles cultures ou l’agroénergie ;
  • Optimiser la gestion de la ressource en eau ;
  • Valoriser la complémentarité grandes cultures et productions animales.

 
Une équipe DATA Alliance BFC vient appuyer le travail de la R&D à travers un large champ de compétences qui va de l’analyse de données jusqu’à la conception d’outils d’aide à la décision (grandes cultures, élevage, vigne) spécifiques à nos coopératives. Le lien avec le machinisme et les nouvelles technologies est renforcé.

 

LES AXES STRATÉGIQUES DE LA R&D ALLIANCE BFC

« Au sein de la R&D Alliance BFC, nous maintenons un axe fort autour des leviers agronomiques dits « traditionnels », avec par exemple la recherche autour des variétés, qui est un des premiers outils d’adaptation au changement climatique. Ce thème concerne environ un tiers de nos essais annuels dans la région.
Depuis plusieurs années nous mettons aussi davantage l’accent sur la fertilité du sol, dans l’objectif d’avoir des plantes plus résistantes aux différents niveaux de stress (gel, excès d’eau, sécheresse…). Nous travaillons ce sujet à travers des essais annuels et pluriannuels, comme dans le cadre de nos plateformes Artemis, ou encore dans le cadre du club AgroEcos qui fédère une centaine d’agriculteurs de Bourgogne Franche-Comté autour de l’agriculture de conservation des sols.
Nous investissons aussi dans la recherche autour de l’optimisation des intrants, que ce soient les phytosanitaires, engrais, semences, en vue de réduire l’impact environnemental avec notamment la protection de la ressource en eau. Cela passe par des expérimentations sur les méthodes alternatives, les produits de biocontrôle, les différents leviers agronomiques amenant à réduire l’usage des intrants. Nous avons également développé, en lien avec notre cellule data, un outil d’aide à la décision pour mieux positionner les interventions des agriculteurs, au moment où la plante en a vraiment besoin ».

Mickaël MIMEAU, responsable agronomique R&D Alliance BFC

Le service R&D de l’Alliance BFC compte aujourd’hui deux plateformes d’essais nouvelles cultures en Côte-d’Or, à Aiserey et à Jours-Lès-Baigneux. Une 3ème plateforme verra le jour en 2024 en Saône-et-Loire, avec une orientation autour de la thématique de le bonne gestion de la ressource en eau à travers notamment la micro-irrigation. 

Ces expérimentations ont pour missions d’identifier les espèces et variétés adaptées au changement climatique, mais aussi d’évaluer leurs débouchés dans des filières structurées. Ainsi sont testés des plantes aromatiques et médicinales (semi-pérennes), des arbres fruitiers (abricotiers), des cultures fourragères, fruits rouges ou autres cultures annuelles inaccoutumées en BFC comme les pois chiche, la cameline, les haricots rouges et blancs, la coriandre, le chia…

Sur ces plateformes, nous apportons aussi une réponse aux attentes sociétales avec l’introduction de légumineuses dans l’objectif de l’alimentation humaine. Nous avons également un projet autour de l’agroforesterie et l’agroécologie pour répondre aussi aux attentes de la nouvelle PAC ou de la certification environnementale par rapport à la biodiversité des exploitations.

Ces travaux sont menés en collaboration avec l’Inrae, la Chambre d’Agriculture de Côte-d’Or et les Pépinières Naudet pour un volet agroforesterie.

Hervé MARTIN, responsable agronomique « Nouvelles cultures, nouvelles filières » R&D Alliance BFC

L’équipe Data R&D de l’Alliance BFC s’est structurée depuis 2019, elle est dédiée à l’analyse et à la valorisation des données des coopératives. Elle se compose essentiellement d’ingénieurs qui, en plus d’avoir une vraie sensibilité agricole, sont spécialistes de l’acquisition des données sur le terrain, du traitement de ces données pour calculer les indicateurs plus ou moins complexes.
L’objectif est de restituer l’information issue de ces travaux directement aux agriculteurs, par exemple dans le cadre d’outils d’aide à la décision en grandes cultures, élevage ou encore en viticulture ou pour évaluer la performance individuelle d’une exploitation dans un groupe de références, de quoi dégager des pistes d’amélioration. Notre système data permet de valider des grandes masses de données. Ces analyses globales peuvent contribuer au pilotage de nos coopératives.

Notre méthode consiste à partir d’une question de terrain. Par exemple, quel est le risque maladie sur ma parcelle ? À partir des informations pertinentes collectées (la variété, la date de semis…), les données remontent dans un « data hub » avant d’être modélisées afin de prédire le risque maladie à l’usage des agriculteurs et de leurs techniciens.

Les thématiques abordées sont très larges. Du bilan carbone jusqu’à la validation de conformité par rapport à des contrats filière, en passant par l’extraction des références dans le cadre d’essais grandes bandes chez les agriculteurs ou en micro-parcelles dans les expérimentations de nos plateformes.

Martin LECHENET, Responsable DATA R&D Alliance BFC

Le machinisme est aujourd’hui un acteur essentiel de la durabilité de l’agriculture. Les technologies embarquées, ou les capteurs installés sur les outils de travail, permettent un contrôle de précision de toutes les interventions et guident l’agriculteur dans des pratiques raisonnées (réduction des doses, réduction de l’impact). L’avenir ouvrira encore de nouveaux champs, à l’image de nouveaux pulvérisateurs équipés de caméra haute-vitesse ciblant spécifiquement les adventices par des micro-jets lors du traitement phytosanitaire.
Déméterre, la filiale machinisme du groupe Terre Comtoise, apporte à la R&D Alliance BFC tout son savoir-faire dans le domaine de l’agriculture de précision via le matériel agricole. En lien avec l’équipe DATA, le volet de la valorisation des données enregistrées par les machines est aussi source de leviers de développement importants. 

Philippe PARMENTIER, directeur général DÉMÉTERRE

Les axes portés par le service R&D de l’Alliance BFC viennent en réponse à la demande de filières dans lesquelles sont inscrites les productions régionales, où peuvent aussi correspondre à des filières nouvelles à développer. Pour les nouvelles cultures, le travail d’expérimentation s’accompagne ainsi d’une recherche systématiques de débouchés et de partenaires, préalable à tout déploiement de production auprès de l’ensemble des agriculteurs adhérents. 
La R&D Alliance BFC s’est également investie dans le dossier de la labellisation « Haute Valeur Environnementale ». En acquérant la capacité de certification, elle peut valoriser à travers le label HVE les pratiques agricoles respectueuses de l’environnement chez les agriculteurs des coopératives de l’Alliance, répondre à la demande des consommateurs pour des produits alimentaires plus durables, et accompagner les agriculteurs dans une démarche d’amélioration continue. Aujourd’hui 52 exploitations sont ainsi déjà certifiées. 

Le développement de projets de production d’énergies renouvelables d’origine agricole, portés par l’Alliance BFC, vise à apporter de nouveaux débouchés et solutions aux exploitations agricoles tout en répondant aux objectifs de transition énergétique français et européens.
Le service R&D de l’Alliance BFC accompagne le développement de ce vaste et ambitieux dossier, notamment sous l’angle de l’évaluation agronomique des cultures et des pratiques agricoles liées à la production énergétique :

è expérimentations autour des cultures intermédiaires à vocation énergétique (CIVEs) dans le cadre du projet de production de biogaz vert Sécalia en nord Châtillonnais,
è évaluation des dispositifs culturaux installés sous ou entre les panneaux dans le cadre des démonstrateurs en agrivoltaïsme portés en partenariat avec TSE (Amance – 52 et Verdonnet – 21) et TotalÉnergie (Channay – 21).

En lien avec le changement climatique, l’eau est un des premiers facteurs limitant de la production agricole en Bourgogne Franche-Comté, avec un enjeu vis-à-vis de notre souveraineté alimentaire. Cela implique de trouver des solutions d’optimisation de son stockage et de son usage, tout en maintenant sa qualité.
Le service R&D de l’Alliance BFC a pu démontrer, à travers l’étude d’un doctorant de l’Institut Agro Dijon, financée dans le cadre de France Relance, que le déficit hydrique pourrait doubler d’ici la fin du siècle et que la perte de production agricole pourrait atteindre 12 % dans la région.

Dans ce contexte, des solutions sont à l’étude autour de l’irrigation de précision, l’agrivoltaïsme pour limiter le desséchement ou encore la biostimulation des plantes. Un projet de démonstrateur, autour d’une utilisation efficiente de l’eau en lien avec les nouvelles cultures, est à l’étude au sein de l’Alliance BFC. La 3ème plateforme « Nouvelles cultures »
Cette réflexion sur la ressource en eau doit être collective et ne doit pas reposer sur les épaules des agriculteurs uniquement.